Dans un contexte où les données sont au cœur de la stratégie des entreprises, le rôle du Chief Data Officer (CDO) est devenu incontournable. Ce responsable de la gouvernance et de la valorisation des données joue un rôle clé dans la transformation digitale et la prise de décisions éclairées. Cependant, de nombreuses organisations n’ont pas encore structuré ce rôle, ce qui entraîne des risques stratégiques importants.
Chez Kaggua, nous avons observé différents modèles d’intégration du CDO, avec des avantages et des inconvénients selon la structure de l’entreprise. Nous vous proposons ici d’explorer pourquoi ce rôle est essentiel et où il devrait être placé pour maximiser son impact.
Le rôle du Chief Data Officer : Un pilier stratégique
Le Chief Data Officer est responsable de la gouvernance des données, de leur gestion, de leur qualité et de leur sécurité, tout en maximisant leur valeur pour l’entreprise. Ce rôle inclut :
- Définition de la stratégie des données : Le CDO doit aligner les initiatives liées aux données avec la stratégie globale de l’entreprise, s’assurant que les données sont exploitées pour générer de la valeur ajoutée.
- Amélioration de la qualité des données : Il met en place des mécanismes pour assurer la qualité des données en éliminant les erreurs et les silos de données qui freinent la prise de décision.
- Conformité et sécurité des données : Le CDO assure que l’organisation respecte les réglementations en vigueur, telles que le RGPD, et que les données sont protégées contre les cybermenaces.
- Culture de la donnée : Il est un ambassadeur de la transformation numérique, responsabilisant les employés à tous les niveaux pour qu’ils adoptent une approche basée sur les données dans leur travail quotidien.
Les risques de ne pas avoir de CDO
Les entreprises sans CDO ou avec une gouvernance des données mal structurée s’exposent à plusieurs risques :
- Décisions erronées : Sans responsable dédié, la qualité des données peut se détériorer, menant à des prises de décisions basées sur des informations inexactes ou fragmentées. Par exemple, chez Kaggua, nous avons observé une entreprise de la grande distribution qui prenait des décisions stratégiques sur des données clients obsolètes, entraînant une perte de 12 % de parts de marché.
- Non-conformité réglementaire : Les régulations sur la protection des données sont de plus en plus strictes, et un manque de supervision claire peut entraîner des amendes et des sanctions coûteuses. Un cas concret est celui d’une multinationale du secteur des télécoms qui a écopé d’une amende de plusieurs millions d’euros pour non-respect des droits des utilisateurs liés à la gestion de leurs données.
- Fragmentation des initiatives : Sans une vision centralisée, les initiatives de gouvernance des données peuvent être dispersées dans différents départements, générant des redondances, des conflits et une inefficacité opérationnelle.
Où placer le Chief Data Officer dans l’organisation ?
L’une des grandes questions pour les entreprises est de savoir où positionner le CDO. Faut-il le placer sous la direction de la DSI (Direction des Systèmes d’Information), créer une entité dédiée ou le positionner dans une structure transverse ? Chaque modèle a ses avantages et ses inconvénients, et chez Kaggua, nous avons constaté divers usages dans les entreprises avec des résultats contrastés.
CDO Placé sous la DSI
Alignement technologique : Le CDO ayant besoin de collaborer étroitement avec les équipes IT, être sous la DSI permet un alignement direct avec les projets techniques liés aux données (infrastructures, plateformes de données, etc.).
Contrôle renforcé de la sécurité : La DSI gérant également les aspects sécuritaires des systèmes, le CDO peut mieux intégrer la gestion de la sécurité des données dans une approche globale.
Risque de technocentrisme : Sous la DSI, le CDO peut se focaliser davantage sur les aspects techniques que sur la valorisation business des données. L’approche risque d’être trop axée sur l’IT au détriment de la stratégie métier.
Perception réduite du rôle stratégique : Si le CDO est vu comme une extension de la DSI, cela peut réduire la visibilité du rôle dans les autres départements de l’entreprise.
Un grand acteur bancaire européen a intégré le CDO sous la DSI. Bien que cette approche ait renforcé l’infrastructure technique liée à la gestion des données, l’entreprise a dû ensuite repositionner le CDO pour mieux aligner la stratégie de données avec les objectifs métiers.
CDO dans une entité transverse (MOA transverse, secrétariat général…)
Indépendance stratégique : Placé en tranverse des différentes directions, le CDO peut véritablement devenir un facilitateur de collaboration inter-directions, en prenant en compte à la fois les besoins métiers et technologiques.
Approche holistique : Une entité transversee permet au CDO d’avoir une vision globale, assurant que la gouvernance des données est en cohérence avec l’ensemble des priorités de l’entreprise.
Complexité dans la gestion : Le CDO peut rencontrer des difficultés à faire passer ses directives si les autres directions perçoivent cette structure comme une externalité plutôt qu’une collaboration naturelle.
Chez Kaggua, nous avons accompagné une entreprise dans le secteur pharmaceutique qui a créé une entité dédiée à la gouvernance des données sous la direction de la MOA opération transverse. Ce positionnement a permis d’harmoniser les initiatives liées à la R&D, aux ventes et aux opérations, augmentant ainsi de 20 % la qualité des données tout en réduisant les délais de mise sur le marché de nouveaux produits. Néanmoins, cette direction n’ayant pas en charge les fonctions support (RH, finances), les actions concernant ces domaines sont restées limitées.
CDO en relation directe avec la direction générale
Visibilité stratégique : En étant directement rattaché à la direction générale, le CDO participe à la définition des priorités stratégiques globales, plaçant les données au centre des discussions de gouvernance et de compétitivité.
Alignement sur les objectifs métiers : Le CDO peut mieux comprendre et anticiper les besoins des différents départements, facilitant une approche centrée sur la valorisation des données.
Déconnexion technique : Étant plus éloigné des aspects technologiques au quotidien, le CDO peut rencontrer des difficultés à suivre les projets IT nécessaires à la bonne gestion des données.
Risque de dilution des responsabilités : Si le rôle est trop orienté vers les aspects stratégiques, la mise en œuvre pratique des initiatives de gouvernance peut en souffrir, notamment si la relation avec les départements IT n’est pas fluide.
Un groupe de services financiers a opté pour un CDO rattaché directement à la direction générale. Cela a permis un alignement étroit avec les objectifs de croissance et de stratégie client, mais a créé des frictions avec la DSI, entraînant des retards dans la mise en œuvre des projets techniques.
Conclusion : Où placer le CDO ?
Le positionnement optimal du CDO dépend fortement de la culture d’entreprise, de la maturité de l’usage des données et des priorités stratégiques.
Pour les entreprises très axées sur la technologie, un CDO sous la DSI peut permettre un alignement technique fort, à condition que la stratégie de valorisation des données reste bien définie.
Les organisations avec une forte culture de collaboration bénéficieront d’une entité dédiée ou d’un positionnement transverse pour maximiser la valeur des données dans toute l’organisation.
Enfin, pour les entreprises où les données sont un levier de croissance stratégique, rattacher le CDO à la direction générale assure une intégration étroite avec les décisions de haut niveau.